Plaidoiyer pour l'intégration de la langue des signes dans la médecine pratiquée en Haïti
Dès notre premier jour de stage clinique, l'une des premières choses que nous apprenons de nos superviseurs est l'importance de toujours respecter le secret médical. Les informations relatives aux patients doivent rester confidentielles. Dans ce sens, nous ne nous référons qu'aux proches du patient pour collecter des données, si ce dernier n'est pas en mesure de fournir les informations lui-même. Puisque ces informations doivent rester confidentielles, est-il donc possible que, hormis le personnel soignant, quelqu'un d'autre ait accès à ces informations ?
Non! En principe, cela ne devrait pas être possible. Pourtant, c'est ce que nous constatons quotidiennement dans de nombreuses séances cliniques.
Ce tiers est généralement un interprète, dont la présence est nécessaire pour faciliter la conversation entre le médecin et le patient, en assurant la traduction. Un autre cas où le secret médical peut être partagé se présente avec les personnes sourdes ou malentendantes. Incapables de communiquer directement avec le médecin, ces patients ont besoin d'un intermédiaire pour faciliter l'échange, tout comme dans le cas d'une barrière linguistique, un interprète.
Cependant, des efforts ont été faits pour remédier à ce problème. Dans les programmes des différentes facultés de médecine, des cours de langues, notamment des langues dites "commerciales", ont été ajoutés. De plus, les étudiants sont encouragés à les pratiquer afin d'accéder à une littérature médicale de qualité. Ce processus permet de résoudre en grande partie le problème, car un médecin qui, autrefois, ne pouvait pas communiquer directement avec un patient parlant une autre langue, le peut aujourd'hui grâce à cette formation linguistique et à la modernisation.
Que pouvons-nous faire pour corriger le second problème ? Ne serait-il pas intéressant de mobiliser toute la communauté pour apprendre à communiquer avec cette catégorie de personnes, souvent stigmatisées à cause de leur handicap de communication ?
Pour lancer une telle mobilisation, identifions trois points essentiels :
1. Accès direct entre le médecin et le patient
À ce niveau, il s'agirait d'une conversation sans intermédiaire. Le patient se sentirait beaucoup plus à l'aise pour partager son histoire et en sécurité pour échanger avec le médecin, sans craindre la présence d'un tiers. Il faut aussi souligner que cette conversation directe renforcerait la confiance du patient envers le médecin.
2. Élimination des dépenses non nécessaires
Pourquoi payer un professionnel pour accomplir une tâche que le médecin pourrait faire lui-même ? Les instances internationales ne recommandent plus la traduction comme solution, mais insistent plutôt sur la capacité du médecin à converser dans la langue du patient. Cela permettrait de réduire les coûts, d'améliorer la rémunération des médecins, tout en assurant confort et confiance chez le patient, et en évitant le partage du secret médical avec un tiers.
3. Intégration sociale
Les personnes sourdes ou malentendantes, à cause de leur handicap, sont souvent marginalisées. La vulgarisation de l'apprentissage de la langue des signes, d'abord chez les professionnels de la santé, puis dans le cursus des étudiants en médecine, serait un pas en avant vers ce que j'appelle "l'inclusion globale". Cette inclusion consiste à intégrer toutes les catégories sociales dans les mêmes activités, sans distinctions, afin d'éviter toute forme de discrimination.
En vous basant sur ces trois points, vous pouvez vous orienter vers une meilleure préservation du secret médical, tout en participant activement à la formation des médecins, à l'intégration de la langue des signes dans le cursus des facultés de médecine, et pourquoi pas, dans les programmes scolaires.
John Kelly PRELAT
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